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Intelligence artificielle generation automatique de

Rédaction web : Idiotie Artificielle Vs Intelligence Humaine

4.7
(7)

Interview avec une intelligence artificielle de rédaction web

Dimanche, je n’avais rien à faire, alors j’ai décidé de tester une IA.

J’en avais discuté avec un passionné passionnant avec qui je me suis brouillé depuis, et lors de nos discussions à bâtons rompus il me faisait l’apologie d’Open AI.

Il m’avait fait lire une “interview” avec une IA, dans laquelle celle-ci répondait de manière apocalyptique à des questions sur l’avenir et les conséquences de l’intelligence artificielle.

Prophétique comme le peuple juif antique, l’IA annonçait qu’il valait mieux tout stopper, car elle finirait par devenir si puissante qu’elle en éliminerait l’humanité.

Comment le savait-elle ? Comme toi tu sais que Mélenchon et Gates font partie du Bilderberg pour propager le covid aux aliens : elle l’avait lu sur Internet.

Dans cette interview donc, l’IA textuelle faisait ce qu’on l’avait programmée pour faire, à savoir : faire un peu d’analyse statistique pour rigoler histoire de se détendre les câbles, puis enchaîner avec une petite séance de copier-coller pendant un micronième de seconde, avant de nous balancer à la gueule son tas de fadaises insipides. Pardon, mon clavier a ripé, je voulais dire : avant de nous sortir son résultat tellement impressionnant et crédible que même le New York Times en a parlé. Ou le Financial Times. Ou juste le Times. Enfin, un bout de papier avec des mots écrits dessus, quoi.

J’ai cherché à comprendre un peu mieux comment Bidule marchait. En fait, on lui avait fourni des modèles logiques, argumentatifs, rhétoriques. L’IA doit donc faire deux choses : identifier des fragments de texte utilisables pour les modèles ; et les appliquer aux modèles de manière cohérente.

Ce que j’entends par modèle, c’est la structure logique sous-jacente d’un texte.

Moi non plus, je n’ai rien compris à ma phrase et ça ne va pas s’arranger dans les paragraphes qui suivent.

Au 20è siècle, des gens que je considère comme des génies, comme Bertrand Russell, ont révolutionné la vieille logique en cherchant à lui donner un fondement mathématique.

Bertrand Russell
Bertrand Russell, fondateur de la logique propositionnelle

La somptueuse tentative a quelque peu fini en eau de boudin, notamment quand un petit rigolo autrichien du nom de Ludwig Wittgenstein, qui avait réussi, à 18 ans, à fourrer le nez de son maître Russell dans ses propres excréments intellectuels, oups, je veux dire dans ses erreurs de calcul, a fini par prouver qu’en fait, le langage servait surtout à s’amuser. Comme un Légo, avec du sang. (Ouvrant donc la voie à la pragmatique de Peirce !!! mais passons, c’est pas le sujet.)

Ludwig Wittgenstein
Ludwig Wittgenstein, fossoyeur de la logique propositionnelle

Ce que Russell a fondé, c’est la logique propositionnelle. Une proposition, c’est un segment de phrase qui dit quelque chose, et qu’on note par une lettre, en général p.

Par exemple, p = “Il pleut”, ou p = “le chat est sur la table”.

P est vraie ou fausse. Donc il pleut, ou il ne pleut pas, le chat est sur la table, ou pas. P, ou non-p.

Quand on a ces propositions, on peut en ajouter d’autres qui ont un certain rapport avec elles.

Par exemple, ceci implique cela, p implique q, p > q.

Par exemple, si p, si le chat est sur la table, alors q, alors le chat existe, et r, la table existe, et s, la table est sous le chat.

Je reviens donc aux modèles : l’IA cherche des bouts de phrases qu’elle peut traiter comme des propositions dans des systèmes de calcul logique.

Il y a d’autres types de modèles, par exemple linguistique tout simplement : on formalise en SVC le groupe classique Sujet Verbe Complément, on déclare qu’on accepte comme sujet un groupe fait d’un article + un nom commun, etc. Ainsi, une IA peut construire une proposition grâce au modèle grammatical, proposition qu’elle va ensuite passer à la moulinette du modèle argumentatif pour produire un paragraphe censément sensé.

Bon, tout ça pour dire quoi ?

Tout ça pour expliquer comment est supposée marcher une IA qui fait de la rédac web.

Tout ça pour expliquer le foirage total qui va suivre.

J’ai (dé) testé une IA de génération automatique de texte et j’ai vomi de rire

Plus haut, j’ai menti, juste pour le fun : déjà, ce n’est pas dimanche que j’ai testé une IA de rédaction ; et par ailleurs, que ce soit dimanche ou pas, il n’arrive absolument jamais que je n’aie rien à faire, je suis toujours occupé, actif, au four comme au moulin. Dans ma tête, ça turbine tout le temps depuis que je ne suis plus petit.

Il reste vrai que j’ai testé une IA. En l’occurrence, j’ai testé Texta.ai. J’ai testé, et j’ai détesté.

Au départ, je partais d’une bonne intention : passer du temps à ne rien foutre. Me la couler douce, ne rien branler, arnaquer la Terre, acheter du CBD à la tonne avant de crever comme une merde sous le regard indifférent de mille milliards de galaxies.

Et dans cette perspective, Texta.ai avait tout pour me plaire, il racolait même tel un prof de marketing à Sciences Putes :

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Intelligence artificielle de rédaction web
Intelligence artificielle de rédaction web

Ecrire de super articles en quelques secondes, sans carte bancaire, c’est tout à fait ce dont je rêve quand je me lasse de l’odeur incroyable de mon cheong de mandarine aromatisé à l’anis.

(Pour les incultes, le cheong est une sorte de sirop de fruit fermenté dans le sucre, délicieusement savoureux ! Je viens d’en faire un autre bocal, pomme-banane-mandarine et cannelle, dont je vous dirai peut-être des nouvelles dans un autre article. Là je viens de perdre totalement l’algorithme de Google qui ne sait plus du tout de quoi je parle. Mais je l’emmerde cet enfoiré de yankee de l’ouest : toi, tu me comprends dis, sœur humaine, frère humain ?)

En l’occurrence, me disais-je, si l’IA me fournissait du 2000 mots en quelques secondes, alors en une journée je pourrais, disons, bâtir un cocon sémantique tellement géant que je pourrais ranker sur un million de mots-clés fastoche, avant de m’acheter un immeuble au Qatar juste pour le plaisir de le remettre sous la forme agréable d’un gros tas de sable originel, et faire chier des émirs.

Voilà pourquoi j’ai testé.

Intelligence Artificielle Vs “Meilleurs plugins de réservation WordPress”

Génération automatique de texte faux et incompréhensible

Donc, je me suis inscrit – sans carte bancaire ! un test gratuit, tout-à-fait désintéressé pourrait-on dire !

Je suis entré dans l’interface, fringant et prêt pour ma nouvelle vie de nabab sunnite, j’ai rempli les quelques champs de paramètres et je les ai donnés à mouliner à l’IA. L’idiote Artificielle n’a pas réfléchi longtemps. En fait elle n’a pas réfléchi du tout, on aurait vraiment dit Blanquer en train de préparer une rentrée devant un Sex On The Beach.

Logiciel de génération automatique de texte
Logiciel de génération automatique de texte

Elle m’a sorti un texte, effectivement, en quelques secondes.

J’ai alors pu lire ça :

Exemple de génération automatique de texte par une IA : « comparatif des plugins WordPress de réservation »

Et là j’ai vomi. J’ai vomi mes tripes, j’ai vomi mon cheong. (Je rigole. Je ne l’ai pas encore mangé, ce cheong, ça doit reposer 1 an, je ne l’ai fait qu’il y a deux semaines.)

Dans les paramètres, j’avais mis quelque chose comme

Comparatif des meilleurs plugins WordPress de réservation

Moi, quand je lis la première phrase :

“Le premier site de réservation est Bookly. Il n’est pas le meilleur parce que celui-ci est utilisé pour des demandeurs d’emploi.”

je pouffe. Là où l’IA a raison, c’est que Bookly est bel et bien un plugin de réservation. Mais d’office ça déraille total, et on comprend que l’IA ne comprend pas. Elle s’appelle Intelligence, ON l’appelle ainsi, mais en réalité elle n’a strictement rien à voir avec le fait d’intelligere, de com-prendre, de prendre quelque chose avec soi. Elle n’a pris que des chaînes de caractère. Elle a foutu des mots en vrac sur des modèles nuls. Et elle a obtenu une série d’âneries imbitables – qui au lieu de me faire gagner des années en quelques secondes, m’ont juste fait perdre un quart d’heure en un quart d’heure.

Je ne sais pas trop sur quelle page l’IA a trouvé un lien entre Bookly et les chômeurs, en tout cas cet élément ne se base pas sur le réel, sauf si l’IA veut dire que les concepteurs de Bookly auraient mieux fait de rester couchés ; c’est un artefact de la mauvaise méthode utilisée.

Je ne vais pas commenter tout ce fatras verbal incohérent et inutile, vous aurez constaté vous-même l’ampleur des dégâts : une série d’affirmations folles et loufoques, des morceaux de raisonnement qui flottent comme des bouts de lard dans une soupe au chou, aucune suite dans les mots à défaut d’idées, de l’anglais qui se retrouve jeté dans le texte alors que j’avais demandé qu’on m’écrive du français. Peut-être que ce genre d’article passe un audit SEO machinique, mais le lecteur humain ne s’y laissera pas prendre.

Par contre je vais commenter le problème de fond : pour écrire un article comparatif sur les meilleurs plugins de réservation WordPress, il faut faire pas mal de choses :

  • savoir ce qu’est WordPress
  • l’utiliser
  • installer et configurer et utiliser des plugins de réservation
  • ou à défaut, au moins lire la doc, les sites, les avis, de chaque plugin
  • comparer tout ça

Cette méthode semble évidente à quiconque possède une intelligence et comprend ma commande. Mais l’IA ne comprend pas. On l’appellera donc dorénavant Idiotie Artificielle.

L’Idiotie Artificielle n’a pas du tout utilisé une méthode convenable. Elle n’a pas installé les plugins. Elle ne s’est pas demandé quelles fonctionnalités de base ou plus funky on pouvait attendre d’une extension de prise de rendez-vous ou de réservation. Elle n’a pas cherché à lister les usages possibles d’un tel logiciel. Et finalement, n’ayant pas fait l’ombre d’un début de commencement du boulot commandé, elle n’a en rien comparé des plugins. Elle a juste copié-collé des bouts de texte sur un modèle, un arbre logique.

Au final, j’ai écrit l’article tout seul comme un grand, en utilisant une technologie cérébrale dont j’ai le secret :

Les 666 meilleurs plugins de réservation pour WordPress

Ce que j’ai écrit là, une IA n’aurait pas pu l’écrire je pense, même la moins bête.

Mon titre est issu d’une réflexion stratégique après analyse de la SERP : j’ai désossé la concurrence pour mieux savoir comment la briser ; j’ai intégré la critique dans l’article et j’ai conçu le titre pour qu’il se distingue clairement parmi les résultats de recherche.

Bref, j’ai réellement essayé de faire preuve d’intelligence, moi !

(On verra si mon article kintou comme je l’espère.)

Idiotie Artificielle vs Bifidobacterium

Une rédaction automatique qui t’envoie à l’hosto direct dans un fourgon de flics

Juste par curiosité, je me suis demandé si l’Idiotie Artificielle s’en tirerait mieux avec un thème plus bêtement scientifique.

Après tout, la bestiole électrique adore faire des millions d’opérations par seconde dans une base de données, brassant plus d’informations que tous les bibliothécaires de l’Alexandrie antique réunis, donc peut-être qu’en mode synthèse documentaire pure, sa bouillie textuelle aurait meilleure mine ?

Je lui ai donc donné ce “brief”, ce sujet d’article :

Bifidobacterium, bienfaits et contre-indications.

Avant cela, j’avais étudié la SERP et constaté qu’on trouvait assez facilement du bon matos, à condition de passer des heures à débrouiller les infos, entre les sources tape à l’œil et les sources à l’allure plus sérieuse. L’Idiotie Artificielle saurait-elle faire le tri ? Saurait-elle recouper les infos ? Quand telle source dit que Bifidobacterium guérit telle maladie, que telle autre source dit le contraire, et que la troisième source dit autre chose, que ferait l’Ignoble Arnaque ?

Eh bien la gourdasse de génération automatique de texte a fait ce que tout tas d’électrons sait faire à merveille : elle a à nouveau produit une bouillie incompréhensible, surréaliste, sans aucune cohérence, remplie d’informations fautives ou absurdes.

Regardez ça :

Bifidobacterium selon l’intelligence artificielle

Et j’ai encore vomi, et j’ai encore perdu un quart d’heure, tout en gardant ma CB mais à quoi bon vu que je l’avais déjà.

“Bifidobacterium longus, communément appelé B. longum, est l’espèce de bactérie qui produit des bifidobactéries.”

L’avantage de l’Idiotie Artificielle, c’est qu’elle va quand même beaucoup plus loin, avec un sens inné de l’erreur, que le plus sinistre des imbéciles humains.

“La bactérie se trouve généralement dans le tube digestif et le côlon, mais peut également se trouver dans la bouche et le vagin.”

ça, c’est presque vrai, même si on appréciera l’élégance toute relative du choix de l’ordre des mots. L’Idiotie Artificielle pourrait-elle se donner la peine de remettre nos organes dans un ordre un peu plus naturel – bouche, tube digestif, côlon – , au lieu de se livrer à des allusions grivoises qui riment avec cunnilingus ?

Au total, l’IA a accumulé les erreurs et les absurdités, de sorte que si on appliquait ce qu’elle dit dans le monde réel, et donc si on donnait bifidobacterium aux patients qu’elle préconise de traiter avec, on enverrait pas mal de monde à l’hosto, et les flics et les juges nous poursuivraient de leur vindicte.

Bref, après ces deux tests il me restait encore 11 crédits gratuits sur Texta.ai, que j’ai décidé sagement de ne pas employer à gaspiller encore 15 minutes.

Et donc je me suis remis au boulot. J’ai pris mon cerveau en main et j’ai écrit l’article moi-même, une fois de plus.

Le cerveau humain reste le seul logiciel de rédaction automatique compétitif

Bilan des courses : les chevaux ont gagné. L’Incompétence Antiprofessionnelle ne regardait pas du bon côté de l’hippodrome.

Si ça c’est une intelligence artificielle de rédaction web, alors je peux envoyer mes rognures de pied postuler à l’ENS et revenir diplômées en 7 nanosecondes.

Allo Houston, ici la rédaction web

Pour finir, notez bien ces mots :

rédaction web, IA, cheong, merde, plugin, Qatar, bifidobacterium, vagin.

Quand l’algorithme de Google verra ça, il deviendra bleu, puis rouge, puis jaune, puis vert ; il devra appliquer bêtement son programme, selon sa nature, et conclura que mon texte ne parle de rien de précis et part dans tous les sens, car il n’y trouvera pas de cohérence sémantique (comme s’il savait ce que c’est).

Google Gogole

En fait, cet algorithme qui domine plus de 90% de la recherche mondiale de la société de l’information globalisée, ne bite tout simplement pas un traître mot des 2 milliards de pages web existantes.

Une métaphore, lui pas comprendre. Une blague, une allusion, lui pas rire, car lui robot, et robot pas rigoler. Mon ironie, lui pas savoir quoi en faire.

En fait Google ne fait que répertorier et comparer des chaînes de caractère : il n’a donc absolument aucune idée de pourquoi cheong, du domaine cuisine, voisine avec IA, du domaine de la débilité capitaliste profonde, et avec vagin, du domaine médical ou plus si affinités.

Ce que je veux dire au-delà de la surface des mots, en lien avec notre expérience de la vie et du monde et de la société, le programme ne sait pas du tout le traiter. Donc il conclut, à tort, que mon texte emploie trop de mots de champs sémantiques hétérogènes pour être honnête. Le géant de la bêtise californienne envoie un intellectuel français aux fraises, même si c’est pas la saison (février 2022). La raison du plus fort est toujours la meilleure.

Et vous savez bien que c’est faux : malgré mes pirouettes et mes détours, j’ai suivi une ligne logique et argumentative, enroulée pour le fun dans une autre ligne plus narrative et comique.

Mon article était fait d’ordre, mais Google, tout aussi con que l’Idiotie Artificielle de Texta.ai, n’y comprendra strictement rien. Seul vous et moi pouvons comprendre ce que c’est qu’écrire et lire, car pour nous, le texte, ce n’est pas juste une chaîne de caractères, c’est vraiment le sens du monde.

A notre puissance neuronale, l’idiote électronique ne se compare tout simplement pas. Toujours aucun grand-remplacement en vue.

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